Histoire de la synagogue
Dans la continuité des recherches et opérations archéologiques portant sur le patrimoine juif de la ville de L’Isle-sur-la-Sorgue, une opportunité a permis à l’Etablissement Public Foncier de faire l’acquisition en 2020, pour le compte de la commune, d’une remise du XIXe siècle construite en partie sur l’emplacement du complexe synagogal moderne de L’Isle.
Cet édifice cultuel, dont la plus ancienne attestation écrite remonte à 1527, se situe en limite sud-est de la juiverie. Abandonnée après la Révolution, menaçant de tomber en ruine au milieu du XIXe siècle, elle fut intégralement rasée en 1856. Plus aucun témoignage en élévation n’est actuellement visible de ce bâtiment, cœur de la vie religieuse et sociale de la communauté l’isloise pendant près de trois siècles.
Une première opération archéologique en 2020, à l’intérieur de la remise, a permis la découverte à faible profondeur, de vestiges relativement bien conservés se rapportant aux espaces annexes du complexe synagogal. Il s’agit d’un grand four à pain circulaire du XVIIIe siècle, fonctionnant avec une petite cour munie d’un puits, mettant en évidence l’existence d’une boulangerie directement liée à la synagogue.
Une seconde fouille archéologique s’est déroulée en 2022 devant l’entrée de la remise (place de la synagogue) au cours de laquelle les archéologues ont découverts de nouvelles structures parmi lesquelles un second four à pain, plus ancien mais aussi plus grand que le premier. Cette opération a également permis de mettre en évidence des constructions appartenant à la synagogue à proprement parlé, dont plusieurs murs de façades permettant aujourd’hui de restituer l’emprise et la morphologie générale de l’édifice du XVIIIe siècle. Il devait s’agir d’un bâtiment carré, d’environ 12 mètres de côté, composé de deux espaces superposés indépendants : la salle des femmes en rez-de-chaussée et la salle des hommes à l’étage abritant une tribune et le tabernacle, organisation caractéristique des synagogues du Comtat.
L’édifice de culte disposait également d’un vestibule abritant l’escalier conduisant à la salle haute ainsi qu’une imposante terrasse. L’accès au complexe synagogal se faisait depuis l’unique rue de la carrière, par l’intermédiaire d’une petite cour munie d’une fontaine de marbre. Nous savons par les quelques descriptions connues que la salle des hommes était richement décorée, tranchant avec l’aspect extérieur très sobre, mais de qualité, de l’édifice. L’architecture et les décors intérieurs de la synagogue de L’Isle devaient se rapprocher d’un style Louis XV, que l’on peut encore observer dans d’autres synagogues du Comtat.
Synagogue de Cavaillon 
Synagogue de Cavaillon
Mise en valeur de ce lieu mémoriel
La fouille archéologique d’une synagogue ancienne en France est tout à fait exceptionnelle. C’est une véritable renaissance pour ce bâtiment emblématique de la culture judéo-comtadine. Le projet vise ainsi à lui redonner sa place dans la ville malgré sa totale disparition. Il s’agit ici d’aménager un espace public de qualité, de figurer les traces de la synagogue disparue dans un objectif mémoriel et de mettre en exergue un bel immeuble de la juiverie.
DPI
Les premières esquisses du projet envisagent la destruction d’une partie de la remise du XIXe siècle afin de dégager la perspective sur l’immeuble Carcassonne du XVIIIe siècle. Un marquage au sol du plan, la mise en valeur des fours et la matérialisation des espaces par une alternance de matériaux permettront de visualiser l’ancienne synagogue. Les abords seront également traités avec soin par un dessin des sols reprenant les traces de la juiverie (bâtiments ou équipements disparus) et une végétalisation du lieu.