Diagnostic archéologique – 2e campagne : la synagogue (2022)

La synagogue, intégralement détruite en 1856, était un bâtiment méconnu jusqu’à l’intervention des archéologues de la Direction du Patrimoine.

Une première campagne de diagnostic archéologique a été conduite en 2020-2021 sur l’emplacement du complexe synagogal, à l’intérieur d’une remise. Cette dernière est située au niveau de l’actuelle place de la synagogue, dans le secteur sud-ouest de l’ancien ghetto juif, appelé carrière dans le Comtat Venaissin.

Lors de cette fouille, de nombreuses structures se rapportant à des espaces annexes de l’édifice de culte ont été découverts à faible profondeur. Un four circulaire d’un diamètre d’environ 2.50 m., a permis d’identifier sur ce site la présence d’une boulangerie communautaire, probablement utilisée pour la cuisson du pain azyme (matza en hébreu ou coudolo en provençal). Cette structure de cuisson, datée dans son état le plus récent du XVIIIe siècle, fonctionnait avec une petite courette pourvue d’un puits, daté du même siècle, qui devait participer à la fabrication du pain. 

Les résultats de cette première opération archéologique se sont révélés très positifs, motivant une seconde phase de terrain réalisée durant le premier trimestre 2022, devant la remise, sur le domaine public.

Service communication –
Ville de l’Isle-sur-la-Sorgue

De nouvelles structures ont été découvertes. Les niveaux les plus anciens ont permis de mettre en évidence une occupation de type domestique datée des XIVe et XVe siècles, soit avant l’implantation de la synagogue édifiée vers 1525. D’autres murs plus récents, reconnus uniquement en fondation, appartiennent quant à eux à la synagogue. Ils permettent de reconstituer en partie l’emprise de l’édifice dans son dernier état, alors que le bâtiment est intégralement restauré entre 1759 et 1763.

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La synagogue proprement dite était un édifice approximativement carré d’environ 12 mètres de côté. Nous savons par les textes qu’il était composé de deux niveaux superposés : une salle basse destinée aux femmes, et une salle haute pour le rassemblement des hommes de la communauté, respectant ainsi la stricte séparation des sexes imposée dans les rites juifs. Contrairement à la salle des femmes, la salle haute était richement décorée, dans un style se rapprochant de ce que nous pouvons encore voir dans la synagogue de Cavaillon qui lui est contemporaine. La fouille a livré un rare et fragile objet en verre appartenant à un lustre qui devait orner la synagogue, les luminaires et plus largement la thématique de la lumière ayant une place primordiale dans le judaïsme.  

Enfin, nous avons découvert un second grand four à pain, plus ancien que celui mis au jour lors de la première opération archéologique, dont la datation précise reste à déterminer tout comme son articulation avec l’édifice cultuel.

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La fouille d’une synagogue ancienne est tout à fait exceptionnelle en France. Sa redécouverte va permettre d’approfondir notre connaissance de cette communauté et de ses spécificités. De même, les nombreuses données actuellement en cours d’étude vont alimenter une réflexion globale de mise en valeur de ce site majeur de la carrière l’isloise.