Diagnostic archéologique : le garage Manni (2015)

L'Isle-Diag Manni-2Le garage Manni, bien connu par des générations de L’Islois, a fait l’objet d’un diagnostic archéologique prescrit par la DRAC-PACA  et confié à la Direction du Patrimoine de L’Isle-sur-la-Sorgue en 2015. La vente de cet ensemble de 1294 m² et l’élaboration d’un projet immobilier concernant la construction d’immeubles d’habitation dans une zone présentant un risque élevé de découvertes archéologiques ont motivé la mise en place de ce dispositif.

Le garage s’était établi dans le quart sud-ouest de la ville intra-muros, entre l’enceinte urbaine et l’ancienne juiverie, à la fin des années 1920. L’îlot était majoritairement occupé par un vaste couvent d’époque moderne (XVIIe-XVIIIe siècles), démantelé à la Révolution, celui des religieuses de Sainte-Elisabeth qui relevaient du tiers-ordre de saint François.

Cadastre avec ailes - Copie© DPI

L’opération de diagnostic a mis en évidence un potentiel de découvertes de nature et de forme bien distinctes.

L’essentiel du terrain est resté un espace non bâti jusqu’au XXe siècle. Cet espace a pourtant été intégré à l’espace protégé par l’enceinte romane.

L’étude de la partie basse du terrain, qui semble avoir été de nature marécageuse avant les XIIe-XIIIe siècles, a permis de recueillir de nombreuses informations sur la végétation du lieu avant le bas Moyen Age. Ces découvertes s’avèrent cruciales pour la compréhension de la genèse de la ville.

Elle a également révélé les traces d’une occupation humaine se concentrant en périphérie de la parcelle, le long des lices au sud et près de la juiverie au nord. Des épandages de mobilier indiquent la proximité d’habitats domestiques situés hors de l’emprise des six sondages programmés et effectués. Bien que les niveaux aient en grande partie disparu, on peut dire que l’occupation du sol se poursuit aux XIVe et XVe siècles. Deux murs retrouvés dans le sondage au voisinage de la rue Autheman appartenaient à une construction rattachable à cette période. Aussi l’emplacement du garage Manni serait-il susceptible de livrer de nouvelles informations sur le développement de l’habitat et les modalités de résidence du XIIe au XVe siècle dans la ville intra-muros.

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Niveau de sol d’occupation médiévale © DPI

Les aménagements industriels forment un autre volet des potentiels vestiges enfouis sous le garage Manni. La disponibilité de l’énergie hydraulique et l’intense activité industrielle de L’Isle font de ce vaste terrain le lieu idéal pour le développement de manufactures (draperies, papeteries, moulins, etc.). Le long de la rue Reboutade, un canal artificiel aux parois et au comblement calcifié pourrait être en effet un témoignage de cette activité industrielle de la ville. Celle-ci expliquerait la préservation d’un tel espace non bâti dans un tissu urbain qui a pourtant tendance à combler progressivement ses vides.

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 Partie conservée du couvent des Dames de Sainte-Elisabeth © DPI

Sur l’essentiel de la surface, les aménagements du jardin conventuel des « Dames de Sainte-Elisabeth » semblent avoir été effacés par d’importants travaux de terrassement à la fin du XVIIIe siècle. Le cadastre de 1828 montre bien la subsistance des deux ailes du cloître dont l’une est conservée dans les parcelles sud, et l’autre peut-être enfouie le long de la rue Autheman, sous l’angle sud-ouest du garage.

Au cours des mois d’août et de septembre 2017, une fouille préventive a été menée. Elle a été prescrite par les services de l’Etat, financée par le promoteur (SEGI SAS) et conduite par un groupement d’opérateurs d’archéologie préventive, constitué de la Direction du Patrimoine de L’Isle-de-sur-la-Sorgue (mandataire) et de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP).

Pour de plus amples informations sur la fouille préventive de 2017, cliquez sur le lien suivant: Fouille d’archéologie préventive du garage Manni (ancien couvent des Dames de Sainte-Elisabeth).