Envoyée, reçue, collectionnée, aujourd’hui numérique, la carte postale a toujours le vent en poupe !
La Ville de L’Isle-sur-la-Sorgue a eu l’opportunité d’acquérir un album de près de 250 cartes postales, patiemment agencé par un collectionneur et constitué en grande majorité de documents datant de la fin du XIXe et du premier quart du XXe siècle.
Aujourd’hui, prisées des collectionneurs, les cartes postales sont aussi une source précieuse pour écrire l’histoire d’une commune ou d’un monument.
Un moyen de communication du quotidien …
Cette forme de correspondance est autorisée officiellement à la circulation, en France, en 1872. Forte de son succès et envoyée aux quatre coins de la France, elle devient une véritable publicité.
Outre le télégraphe, les cartes postales sont un moyen rapide et pratique pour communiquer. D’ailleurs l’auteur de cette carte ci-dessous précise qu’il écrit le 26 juillet 1915 et indique qu’elle sera entre les mains de sa destinataire dès le lendemain matin.
À une époque où les téléphones sont encore rares, ces petits mots permettent d’informer de l’heure d’arrivée de son train, d’annoncer une naissance ou encore de donner des nouvelles à la famille et aux amis.
Ces documents, pourtant édités pour certains à plusieurs milliers d’exemplaires, sont uniques lorsque l’encre de l’auteur noircit le recto et/ou le verso de ces cartes avec des textes parfois très poétiques comme celui-ci :
« Rien de plus doux, dans ce pays d’ardent soleil, que ses ombrages qui versent de leurs dômes épais une fraîcheur exquise, rien de plus gai pour le regard que ces roues tournantes utilisées par de riches industries, qui font pleuvoir dans leur mouvement rythmique les perles de la naïade vauclusienne (Saint-Martin, la Fontaine de Vaucluse) ».
… et des témoignages pour l’histoire
Arrêtons-nous maintenant sur une de ces cartes en apparence anodine. Il s’agit d’une vue de la Sorgue à l’entrée de la rue de la République présentant un effet de neige.
Le texte de l’expéditeur figure au recto de la carte :
« 29/6 1903. Reçu ta jolie carte. Louis m’avait dit aussi que vous étiez venus à 6H à la gare sans me voir. J’y étais pourtant. Nous avons manqué notre coup de ne pas aller à la Joliette, nous aurions vu le naufrage. Le bonjour à Armanet. Je te la serre. Plus de nouvelles de Villard ».
L’expéditeur fait ici référence au naufrage du paquebot « Le Liban » qui a eu lieu le 7 juin 1903 près de l’île Maïre à Marseille alors qu’il partait pour la Corse. Ce dramatique événement qui causa la mort de près de 100 personnes a marqué les esprits et notamment celui de ce jeune homme qui écrit à un certain François Jouve de la 15e section, qui se trouve alors à la caserne Busserade à Marseille.
Ce jeune soldat n’est autre que le fameux boulanger carpentrassien, conteur et écrivain en langue provençale, majoral du félibrige.
Des millions de cartes postales circulent entre 1914 et 1918
Afin de communiquer avec leurs proches, les soldats mobilisés lors de la Première Guerre mondiale envoient et reçoivent des millions de cartes postales durant les quatre années du conflit.
Le 7 novembre 1914, un jeune homme écrit à sa sœur et son beau-frère, au verso d’une carte figurant la place Gambetta :
« Suis en bonne santé et je pense que vous en êtes de même. Je vous demanderai de m’envoyer un couteau dans un paquet. Embrassez mon père et ma mère ainsi que toute la famille ».
Témoignage d’autant plus émouvant lorsque l’on sait que l’auteur de ces lignes, Marcel Eugène Ponce, alors âgé de 21 ans et nommé depuis peu adjudant, est mort pour la France le 23 octobre 1917 dans l’Aisne.
Des photographies de l’histoire contemporaine de L’Isle-sur-la-Sorgue
Les photographies reproduites sur les cartes peuvent, elles aussi, constituer des témoignages historiques.
On voit ici, au centre de l’image, une statue de l’Immaculée Conception installée dans la nef de la collégiale et entourée de fleurs.
Il s’agit de celle qui avait été placée le 24 octobre 1854 près de l’ancienne porte de Bouïgas suite à une souscription publique initiée en raison de l’épidémie de choléra qui sévit à L’Isle durant l’été.
Suite à une décision municipale, la statue a été retirée en 1904, tout comme les autres emblèmes religieux qui se trouvaient sur la voie publique, et installée dans la collégiale. Cette photographie pourrait avoir été prise à cette occasion.
Trois ans plus tard, en 1907, le banquet dans la cour de l’école Benoit, à l’occasion de l’inauguration du monument érigé en hommage à ce bienfaiteur de la ville, est ainsi immortalisé.
La consultation de cette collection sera possible après une campagne de numérisation qui permettra de la faire découvrir au plus grand nombre tout en permettant la bonne conservation des documents originaux présentant l’ancienne place Gambetta (actuelle esplanade Robert Vasse), les rues du centre ancien, le bassin Bouïgas, les quais, la collégiale, l’école Benoit, la gare, le moulin de Mousquety, le hameau de Petit Palais et bien d’autres sites et monuments l’islois …