La Direction du Patrimoine de L’Isle-sur-la-Sorgue a réalisé en 2021 la première étape d’un diagnostic sur le site de l’hôpital local en amont d’un important projet de restructuration : cliquez ici pour accéder à l’article sur ce diagnostic.
Cette opération archéologique, réalisée en plusieurs phases opérationnelles, concerne un secteur situé immédiatement au nord de l’ancien Hôtel-Dieu du XVIIIe s. Il s’agit d’un terrain d’environ 1800m² intégré tardivement à l’hôpital à la faveur d’un agrandissement notable du complexe hospitalier. Cette extension se matérialise par la construction dans les années 1960 et 1970 de deux bâtiments massifs édifiés sur les plans de l’architecte Albert Conil, en lieu et place d’un ensemble urbain densément bâti et intégralement rasé.
La seconde phase de l’opération archéologique s’est déroulée fin 2022, faisant suite à la démolition des deux bâtiments Conil (550 m²). Malgré le fort impact en sous-sol des puissantes fondations en béton des unités de soins, l’ouverture de cinq nouvelles tranchées de diagnostic a permis de compléter les données déjà acquises en 2021 et de dégager les grandes phases d’occupation de ce site situé dans le quartier de Villevieille, le plus ancien de la ville médiévale de L’Isle-sur-la-Sorgue.
Les vestiges les plus anciens – ténus – sont à situer dans le courant des XIIe-XIIIe s. : peu caractérisés, ils apparaissent sous la forme de quelques creusements, mais principalement d’épandages de remblais destinés probablement à drainer un sol très humide, si caractéristique des contextes l’islois. Il faudra attendre le début du XIVe siècle pour que le secteur se structure véritablement avec la construction de plusieurs bâtiments (habitats) ; les traces d’un éventuel artisanat n’ayant pas été confirmées. Ces édifices matérialisent un parcellaire en lanière, orienté à partir du tracé de l’actuelle rue E/O Alphonse Benoit, immédiatement au nord du site, mais aussi à compter d’une impasse N/S (aujourd’hui disparue) qui permettait de desservir le cœur de l’îlot et qui sera utilisée jusque dans les années 1960. Ces constructions s’insèrent à priori dans un environnement peu densément bâti, majoritairement occupé par des jardins ou des cours. Pour une raison qui nous échappe, à la fin du XIVe s. ou au début du XVe s., le site est temporairement abandonné et ne sera réinvesti qu’au cours du XVIe s. Cette occupation moderne est mal documentée, mais elle s’illustre en particulier dans une maison en bordure de rue qui voit la construction d’un escalier en vis en saillie sur façade à l’intérieur d’une cour .
La période moderne marque une densification de ce secteur, probablement stimulée par l’implantation à proximité immédiate du site du couvent des Minimes en 1603, puis par la création de l’Hôtel-Dieu en 1685. Les données observées pour les XIXe s. et XXe s. démontrent une complexification du parcellaire et une densification toujours plus importante de l’emprise du bâti.
Une ultime phase de diagnostic sur le site de l’hôpital local sera réalisée en 2025 à l’emplacement d’un troisième bâtiment (actuel Ephad), destiné lui aussi à la démolition.