Pour en savoir plus : la communauté juive de L’Isle du Moyen Âge à la Révolution

Dans le Comtat Venaissin pontifical, les juifs sont contraints, à la fin du Moyen Âge, au regroupement dans des quartiers réservés appelés ici carrières. Si les dates de mise en juiverie sont connues pour Cavaillon (1453), Avignon (1458), Carpentras (1461/1486), Pernes (1504), celle pour L’Isle demeure incertaine en l’état actuel des recherches.

Vitrine du patrimoine judéo-comtadin au Museon Arlaten © Cd13, Museon Arlaten-musée de Provence

Ces quartiers sont strictement clôturés par des portes ou des chaînes, répondant à l’interdiction de sortir de la carrière la nuit et durant les fêtes chrétiennes. La structure urbaine complexe de ce quartier-prison est organisée autour de l’unique rue, actuelle rue Louis Lopez, mais aussi autour d’une placette, dite planet, où se concentrent l’essentiel des activités économiques.

En 1624, les juifs sont frappés de nouvelles mesures de ségrégation avec l’obligation de résidence uniquement dans quatre cités : Avignon, Carpentras, Cavaillon et L’Isle.

Malgré les multiples règlements et restrictions imposés aux juifs durant plusieurs siècles, ils disposent d’une certaine autonomie à l’intérieur des ghetto, en particulier sur la pratique du culte et la gestion des espaces communautaires.

L’immeuble Beaucaire (DPI)

Au XVIIIe siècle, certaines restrictions de circulation sont assouplies et plusieurs familles juives vont se spécialiser dans le commerce très lucratif des draps de laine (spécialité de la ville) et des chevaux. Ces nouveaux revenus vont permettre une nette amélioration des conditions de vie à l’intérieur de la carrière. C’est au cours de cette période que l’on perçoit un accroissement démographique qui se traduit par un agrandissement de la juiverie, mais aussi par la construction de plusieurs bâtiments civils de grande qualité architecturale (immeuble Beaucaire et immeuble Carcassonne) ou des édifices communautaires avec la reconstruction de la synagogue et de ses annexes à compter de 1759.

A L’Isle, une première synagogue et son jardin sont attestés entre 1477 et 1513 au nord-ouest du quartier. Alors que ce premier site semble abandonné, un second édifice de culte construit vers 1525 est implanté au sud-est. Modifié, agrandi et restauré à de multiples reprises, le complexe synagogal est au centre de la vie de la communauté jusqu’à son abandon à la Révolution. 

Cet enfermement subi et les nombreuses restrictions imposées aux juifs prennent fin en 1791 : le rattachement du Comtat à la France marque l’émancipation de la communauté. La liberté de culte et de circulation nouvellement acquise provoque l’abandon rapide des carrières et la dispersion des juifs. Le quartier juif a subi d’importantes destructions, dont la synagogue, en ruine, qui est rasée en 1856.

L’écurie Abraham, édifiée au XIXe siècle à l’emplacement d’une partie du complexe synagogal (DPI)

Malgré cela, la commune de L’Isle-sur-la-Sorgue dispose de plusieurs sites judéo-comtadins de premier plan, témoins remarquables de l’histoire des Juifs du Pape. Une politique active de sauvegarde de ce patrimoine se traduit aujourd’hui par d’ambitieux projets de restauration et de mise en valeur.