INSULALE PATRIMOINE DE L'ISLE-SUR-LA-SORGUE

La place Rose Goudard

En 2025, la place Rose Goudard fait l’objet d’un projet de réhabilitation et de renaturation afin de créer un « poumon vert » en centre-ville, connecté au nouveau cinéma. Retrouvez toutes les infos sur ce projet d’envergure en cliquant si dessous :

Courant 2024, un diagnostic archéologique de la place a été effectué. Retrouvez les résultats en cliquant ci dessous :

Un peu d’histoire…

Un aménagement urbain des années 1960

 

Cet espace a été créé suite à la démolition de plusieurs bâtiments entre la Sorgue de l’Arquet et la rue Rose Goudard – ancienne rue de l’Arquet.

La volonté des édiles est alors d’aménager une place et d’aérer le tissu urbain du centre ancien, comme sera aussi le cas plus tard pour la rue Valmy ou la place Xavier Battini.

Après la construction du groupe scolaire Mourna, dont la première rentrée a lieu en 1961, la municipalité fait démolir l’école des filles alors désaffectée et vétuste, en septembre 1962.

Peu après, la place est baptisée Rose Goudard, en hommage à cette l’isloise, ancienne directrice de l’école maternelle.

Afin d’agrandir cette nouvelle place et d’élargir la rue Rose Goudard, la ville achète en 1968 le presbytère, au sud de l’ancienne école, et en 1969 une partie de la maison Grégoire, de l’autre côté de la Sorgue de l’Arquet. Les travaux se déroulent en 1969 et 1970.

IGN_1964
Photographie aérienne IGN - 1964
Photographie aérienne IGN - 1969

Qui était Rose Goudard (1870-1951) ?

 

Issue d’une famille l’isloise du côté paternel, Rose Goudard est née le 4 janvier 1870 à Cheval-Blanc.

Titulaire du brevet supérieur, elle enseigne de 1888 et 1925, soit 37 ans dont 31 à L’Isle. Après quelques années au Thor, à Pernes et à Sarrians, elle occupe le poste de directrice de l’école maternelle de L’Isle sans discontinuer et ce jusqu’à sa retraite.

Durant la Première Guerre mondiale, elle participe au comité de patronage de l’école maternelle publique et dirige l’ouvroir pour l’envoi de vêtements aux prisonniers et aux soldats.

Elle créée en 1923 « l’œuvre des enfants à la mer et à montagne » et fait partie du comité de gestion de la colonie de vacances aux Tamaris (Martigues), achetée par la ville en 1948.

A partir de 1928 elle préside le dispensaire de L’Isle qui organise notamment des consultations pour les nourrissons.

 

Jean Geoffroy (1853-1924). "L'Oeuvre de la goutte de lait au dispensaire de Belleville" (triptyque). "La distribution de lait" (détail). Huile sur toile, 1903. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

Elle s’investit également dans la société du sou des écoles laïques, auprès des enfants handicapés et des pupilles de Nation.

Par testament, elle fait un legs à la ville pour équiper l’école maternelle publique et au département pour soutenir les orphelins.

De son vivant, dans les années 1930, la rue de la libre pensée – ancienne rue de l’Arquet – où elle réside au numéro 19, est rebaptisée rue Rose Goudard.

Quant à la place de l’ancienne école des filles, elle porte le nom de Rose Goudard à partir de 1963 afin de « maintenir vivace, dans l’esprit des jeunes générations, le souvenir d’une directrice qui fut (…) une bienfaitrice pour les enfants ».

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Au XIXe siècle : l'école des frères …

 

Les premières mentions d’emploi de régents des écoles à L’Isle remontent au XVe siècle. Cet enseignement était payant et donc l’apanage des familles les plus aisées. Au XVIIe siècle, la municipalité demande l’ouverture d’un collège dirigé par les pères de la Doctrine Chrétienne. Quant aux jeunes filles, elles pouvaient être placées dans des pensionnats voire dans des couvents comme celui des Ursulines afin de recevoir une éducation plus rudimentaire et avant tout religieuse.

Il faut attendre le XIXe siècle pour que l’enseignement commence à s’ouvrir aux familles modestes.

Dès le début du XIXe siècle, le maire de L’Isle émet le souhait qu’une école des frères des écoles chrétiennes ouvre des portes à L’Isle afin que les enfants des artisans et des cultivateurs « reçoivent quelque peu d’instruction ». Ce projet se concrétise en 1854 lorsque les frères ouvrent les premières classes et s’installent temporairement dans l’ancienne école communale, dans l’attente d’un nouveau lieu adapté.

La commune achète en 1856 une partie de la maison de Monsieur de Bressy, ancienne maison des Barthelier de Venasque, bien placée au centre de la ville, vaste et située près de la chapelle de la congrégation des hommes (ancienne chapelle des pénitents bleus) où des offices religieux se déroulent tous les jours de la semaine.

En 1859 et 1860, elle acquiert le corps de bâtiment mitoyen, ancienne demeure du baron de La Forestie, afin d’abriter les appartements des frères.

Après d’importants travaux de démolition, de reconstruction et d’aménagement, l’école accueille les premiers élèves au début des années 1860.

Emplacement sur le cadastre napoléonien de l'école des frères
Emplacement des maisons achetées pour établir l’école des frères sur le cadastre napoléonien (archives départementales de Vaucluse : 3 P 2 – 54 / 30)
Projet d’aménagement de l’école des garçons dans la maison de M. de Bressy (archives départementales de Vaucluse : 2 O 54 - 4)

… puis l'école des filles

 

Il existe à L’Isle au XIXe siècle plusieurs écoles pour les filles et pour les garçons, laïques ou congréganistes, financées par la municipalité.

A la fin des années 1870, le conseil municipal décide de supprimer le budget pour le fonctionnement des écoles congréganistes au profit des écoles laïques et réorganise les lieux d’enseignement.

L’école des filles est ainsi transférée ici, dans des classes plus adaptées au nombre d’élèves, plus faible chez les filles que chez les garçons.

En 1874, 200 garçons devraient être scolarisés mais la place est insuffisante, cette école pouvant accueillir environ 140 élèves. Les filles sont, pour leur part, environ 80 à fréquenter les bancs de l’école.

Le problème récurrent de la municipalité est d’accueillir un nombre d’élèves croissant.

En 1934 la population scolaire est de 529 élèves pour l’agglomération et 247 pour les hameaux, sans compter les 126 petits l’islois de l’école maternelle. L’école des filles comprend 8 classes pour lesquelles 299 jeunes filles étaient inscrites.

Entre 1932 et 1934, la commune projette d’agrandir l’école en faisant l’acquisition du presbytère voisin, ce dernier devant être déplacé dans la maison au nord de l’école, sans que cela n’aboutisse.

En 1953 le conseil municipal décide de construire un groupe scolaire avenue Fabre de Sérignan, nommé plus tard Mourna. En attendant la fin des travaux, 5 classes de l’école des filles sont installées dans un hangar d’expédition au quartier Villevieille.

Les élèves font leur première rentrée dans le nouvel établissement en septembre 1961.

Classe de l'école des filles au début des années 1940

Au XVIIIe siècle : des demeures de la noblesse l'isloise

 

L’école a été aménagée au milieu du XIXe siècle dans la maison La Forestie et dans une partie de la maison Barthelier, propriétés de deux familles de la noblesse l’isloise.

Claude Barthelier, bourgeois fils d’un marchand cardeur, acquiert en 1712, au quartier de l’Arquet, une demeure des Pol de Saint-Tronquet consistant en une grande maison avec un jardin, des cours, une étable, une fenière et une petite maison attenante.

Les Barthelier, famille de marchands, accèdent au statut de nobles au XVIIIe siècle. Le fils de Claude, François, est docteur en droit. Le fils de ce dernier, Claude Pompée François, achète en 1751 une part de la seigneurie de Venasque et de Saint-Didier.

Lorsque la famille Barthelier s’éteint en 1824, les biens passent à la famille apparentée Crousnilhon qui vend cette maison à M. de Bressy en 1826. Ce dernier vit dans la partie nord, toujours visible aujourd’hui, tandis que la partie sud est occupée par la fidèle domestique de M. de Barthelier, Marie-Rose Jean, qui en a l’usufruit jusqu’à son décès qui survient en 1854. Deux ans plus tard, M. de Bressy vend à la commune cette partie de la maison, avec cour et jardin, afin d’y établir l’école des frères.

Lorsque Claude Barthelier achète la vaste maison Pol, la demeure voisine est la propriété de Pierre Pompée Libéral de La Forestie, puissante famille présente à L’Isle depuis le XVIIe siècle.

Trois ans plus tard, en 1715, François Barthelier, fils de Claude, épouse Marguerite de La Forestie, fille de Pierre Pompée Libéral, scellant ainsi l’ascension sociale des Barthelier.

La maison La Forestie reste la propriété de cette famille jusqu’en 1801.

 

Emplacement des maisons sur le cadastre napoléonien de 1828 (archives départementales de Vaucluse : 3 P 2 – 54 / 30)
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Armoiries parlantes de la famille La Forestie figurant une forêt : Est. Fol. 206/ 125, conservé par Avignon Bibliothèques (Ville d’Avignon) – Établissement public communal - Fondation Calvet

Le presbytère et la Poste

 

Afin d’agrandir la place Rose Goudard, aménagée en 1962-1963, la commune achète le presbytère en 1968, démoli peu après.

François César Villard, marchand facturier en laine, fait l’acquisition de cette maison et de son jardin en 1767 auprès de la fille d’Antoine de Palerne, trésorier du pape à l’origine de la construction de l’hôtel situé de l’autre côté de la Sorgue de l’Arquet.

Celui-ci l’avait achetée en 1726 à la famille de Vesc de Valréas. Elle est alors décrite comme une grande maison possédant un jardin, ainsi qu’une basse-cour au niveau du pont de l’arquet, c’est-à-dire à l’extrémité sud de la parcelle.

Cette demeure est restée dans les biens de la famille Villard puis de ses héritiers jusqu’en 1921 où elle devient le presbytère.

Le presbytère se trouvait en face de la maison Laffont, achetée en 1950 pour y établir l’hôtel des Postes.

En 1955, la Sorgue de l’Arquet qui longeait la façade sud de ce bâtiment a été couverte afin d’aménager un accès à la rue Rose Goudard.

Cette maison abrite aujourd’hui les bureaux de la police municipale.

 

L'école et le bresbytère avant démolition (collection particulière)

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