La demeure de Frédéric Giraud, musicien et compositeur l’islois
Jean Jacques Frédéric Giraud est un musicien et compositeur né à L’Isle sur 3 juin 1827. Il est le fils d’un boulanger, Jacques Giraud, et de Rose Euphrosine Moricelly.
Il reçoit ses premières leçons de violon à L’Isle de Xavier Mouzias et Victor Marrel. Son talent le conduit à poursuivre ses études musicales à Marseille puis à Lyon où il eut pour professeur Louis Cherblanc, à qui il dédie une de ses compositions « Air varié en si bémol pour violon avec accompagnement de piano ».
En 1846, il entre comme second violon au Grand-Théâtre de Lyon.
En 1847 il devient deuxième violon – solo au Théâtre lyrique de Paris et est admis en tant qu’auditeur au Conservatoire dans la classe de Massart. L’année suivante il obtient la place de premier violon au Grand-Théâtre de Marseille, où il reste jusqu’en 1852.
A partir de 1853, il se fixe à Paris et se produit comme soliste en France mais aussi aux Pays-Bas avant de se consacrer à l’enseignement et à la composition à partir de 1863.
Il revient s’installer au début des années 1880 à L’Isle où il décède en 1917.
Un château au style éclectique dessiné par Auburtin
En 1882, Frédéric Giraud achète une partie du domaine dit « du Clos » ou « Le jardin de Toute Saison », traversé par le canal du moulin vert, à la famille Le Camus. Deux ans auparavant, ceux-ci avaient vendu l’usine du moulin vert (actuel Village des Antiquaires de la Gare) à Jean-Jacques Brun.
Frédéric Giraud fait appel à Elzéar Ambroisanne, entrepreneur en maçonnerie à L’Isle, pour construire sa demeure dont le projet a été réalisé par un architecte parisien : Alexandre Emile Auburtin.
Originaire de Moselle et installé à Paris, il a réalisé des maisons semblables au château Giraud, notamment dans des stations balnéaires de la côte normande comme Houlgate (Villa Marguerite en 1877 et Villa Les Goélands vers 1882).
Le projet du château Giraud a été publié en 1884 dans « La brique ordinaire » de J. Lacroux.
A la différence des autres maisons bourgeoises éclectiques élevées à L’Isle à la même époque, celle-ci n’est pas le reflet de la réussite d’un capitaine d’industrie mais d’un artiste. Diverses références à la musique en témoignent, comme cette allégorie peinte sous le porche d’entrée ainsi que les portraits en médaillons de Paganini, Mozart et Haydn, apposés sur les façades nord et sud.
Des influences architecturales multiples
Le bâtiment s’élève sur quatre niveaux, dont un en sous-sol, et est surmonté d’une toiture à deux pans portée par une ferme débordante.
Ses quatre façades sont distinctes les unes des autres. La façade principale au nord est ordonnancée sur trois travées. Les fenêtres des deux premiers niveaux sont marquées par des frontons et viennent encadrer la travée centrale occupée par l’accès principal. La façade postérieure se compose de deux travées agrémentées d’un bow-window et d’un perron qu’un balcon en fer forgé surmonte. Sur ces deux façades un escalier à balustres permet d’atteindre le premier niveau. La façade ouest est occupée en partie centrale par des fenêtres à croisées tandis qu’on retrouve l’ordonnancement à trois travées et fenêtres classiques sur la façade est.
Le décor des façades est un mélange de styles et d’époques. On retrouve ainsi du gothique dans la charpente, le classique des frontons et des balustres, les croisées de la Renaissance, la brique Louis XIII, le bow-window victorien et le balcon en fer forgé XIXe siècle.
Le soubassement se compose de moellons irréguliers liés par des joints enrubannés. La brique est essentiellement utilisée pour les travées centrales de chaque façade et sur une frise rehaussée de fleurs en céramique vernissée sur les chainages d’angles.
Le parc Gautier
Le château est élevé en 1882-1883 et le parc qui l’entoure est aménagé dans les années suivantes avec notamment des platanes qui auraient été importés de Floride. L’extrémité ouest du parc est mitoyenne de l’usine du moulin vert (actuel Village des Antiquaires de la Gare).
Depuis que ce parc est municipal, de nombreux aménagements ont été réalisés afin de proposer des aires de jeux et des espaces de repos. Quant aux platanes, atteints du chancre coloré, ils ont dû être abattus dans les années 2000.
Un remarquable séquoia, peut-être contemporain de l’aménagement primitif du parc, est encore visible à proximité de l’entrée nord.
Aujourd’hui ce parc de 17 000 m² est revégétalisé avec des essences méditerranéennes pour tendre vers un patrimoine arboré équilibré et résilient.