Histoire de l’immeuble Beaucaire
Ce superbe immeuble a été édifié en limite nord-est de la juiverie entre 1760 et 1765, pour les frères David Aaron et Isaac de Beaucaire, sur les plans de l’architecte l’islois Esprit-Joseph Brun (1710-1802), dit Brun cadet, auquel on doit de nombreuses réalisations à L’Isle, mais aussi à Avignon ou Marseille (château Borely).
Cet ensemble se distingue par sa forme originale en fer à cheval, solution architecturale ingénieuse permettant de répondre à l’interdiction réglementaire faite aux juifs d’avoir des ouvertures tournées vers l’extérieur de la carrière. L’immeuble se développe autour d’une impasse jouant le rôle d’immense puits de lumière où se concentre un maximum de grandes fenêtres permettant d’apporter de la luminosité dans les espaces de vie.
L’édifice dispose d’un rez-de-chaussée, de trois étages et d’un dernier niveau central à vocation domestique (séchoir à linge). Une unique porte d’entrée, encore intégralement conservée au fond de l’impasse, permet d’accéder à un escalier central utilisé pour desservir les appartements des frères Beaucaire et des locataires, membres moins fortunés de la communauté.
Cet escalier principal, aujourd’hui largement ruiné, présente un style sobre et raffiné commun aux hôtels particuliers de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. L’escalier, à volées droites et paliers intermédiaires, est doté d’une rampe en fer forgé encore en place ; le plafond de la cage d’escalier présente des décors de fines moulures en gypserie.
L’acquisition par la ville en 2018 d’une partie de l’immeuble Beaucaire (dont la cage d’escalier) a permis de sauvegarder l’intégrité de l’édifice menacé de destruction. Dès lors, le croisement des études historiques, archivistiques et archéologiques permet aujourd’hui de retracer l’évolution de cette imposante demeure depuis sa création jusqu’à nos jours et de proposer une restitution de l’immeuble Beaucaire considérée comme la plus grande construction d’initiative privée de l’histoire des juifs du Pape, encore intégralement conservée.
Ce singulier bâtiment est aujourd’hui protégé au titre des Monuments Historiques depuis 2022.
La restauration de l’escalier
Vu l’importance de cet édifice pour la connaissance et la reconnaissance du patrimoine juif de l’ancien Comtat Venaissin, la ville de L’Isle-sur-la-Sorgue, soutenue par plusieurs partenaires institutionnels, travaille sur un projet qualitatif de restauration et de valorisation de l’immeuble Beaucaire.
Dans sa globalité, ce projet consiste à restaurer la façade, les toitures et l’escalier intérieur d’un bâtiment qui abritera des logements privés et sociaux ainsi qu’un centre d’interprétation de l’ancien quartier juif, accessible lors des visites. La ville conserve la maîtrise d’ouvrage sur les parties communes de l’édifice alors qu’un bailleur social s’emploiera à réhabiliter les logements.
L’observation des façades extérieures permet de restituer la modénature de la façade, rythmée par des ornementations en plâtre (appuis de fenêtre, bandeau), technique caractéristique de L’Isle.
La restauration est confiée à l’architecte du Patrimoine Andrea Bortolus et placée sous le contrôle scientifique et technique de la Direction Régionale des Affaires Culturelle (DRAC-PACA, Conservation Régionale des Monuments Historiques). L’objectif est la réfection complète de la charpente, de la couverture, de la façade axiale avec ses menuiseries ainsi que l’intérieur de la cage d’escalier.
A cet effet, le sol dallé, les deux volées suspendues et le palier en pierre de taille seront en grande partie reconstruits. Les parties supérieures de la superstructure feront l’objet d’un confortement sur consoles. Les revêtements en terre cuite, les décors du plafond ainsi que les enduits seront également restaurés ainsi que la rambarde en fer forgé. Des menuiseries adaptées seront repositionnées dans leurs logements d’origine.
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Le montant des travaux, réalisés en deux phases, s’élève à 621 227 € TTC, subventionnés à 80 % par l’Etat, la Région Sud et le Conseil Départemental de Vaucluse. Pour soutenir la commune et financer les 20 % restants à sa charge, une campagne d’appel aux dons est organisée avec la Fondation du Patrimoine.
