INSULALE PATRIMOINE DE L'ISLE-SUR-LA-SORGUE

La mise en valeur de l’ancien cimetière (XVe siècle – 1939)

Histoire du cimetière juif

Comme à Carpentras, le cimetière juif de L’Isle-sur-la-Sorgue est implanté au cœur d’une plaine agricole. Il est situé à plus de deux kilomètres du centre-ville, à la limite des territoires de Caumont et du Thor. Cet éloignement pourrait être justifié par une mise en commun de l’espace funéraire avec la communauté du Thor, bien avant le regroupement des communautés à Avignon, Carpentras, Cavaillon et L’Isle-sur-la-Sorgue en 1624.

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En l’état actuel des recherches, la première mention du cimetière date de 1465. On peut se demander dans quelle mesure le cimetière de L’Isle existait déjà à cet emplacement avant cette date, ce qui attesterait d’une continuité d’occupation du Moyen Âge au XXe siècle. Cette hypothèse conférerait alors au cimetière de L’Isle une importance majeure pour l’histoire des populations juives comtadines et françaises.

En raison de l’augmentation de la population dans le premier tiers du XVIIIe siècle, le cimetière fut agrandi en 1736 grâce à l’acquisition d’un terrain voisin.

Après le rattachement du Comtat Venaissin à la France en 1791, les juifs ont massivement quitté les carrières. A partir des années 1830, certaines familles dispersées dans les grandes villes reviennent, auxquelles s’ajoutent des familles non originaires de la ville comme Moïse Créange venu de Moselle. Le nombre de juifs demeurant à L’Isle demeure toutefois restreint puisque 42 personnes sont recensées en 1858.

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Tombe d'Adolphe Michaël Israël ABRAM (DPI)

Au cours du XIXe siècle, on recense neuf familles juives portant quatre noms différents : Créange, Carcassonne, Abram et Crémieux, dont l’activité professionnelle se concentre autour des métiers du textile et du commerce des chevaux et autres bêtes de traits.

C’est au milieu du XIXe siècle que l’on assiste à une réoccupation du cimetière dans la partie sud-est, probablement là où des places étaient alors disponibles, avec des enclos familiaux, des stèles éparses et un monument funéraire (environ 40 tombes). Peut-être faut-il y voir l’influence d’une personnalité de premier plan, celle d’Israël Abram, premier maire de L’Isle sous la IIIe République en 1870, qui y est inhumé aux côtés de son père, David Samuel Abram, conseiller municipal à partir de 1848.

La zone du cimetière utilisée avant la Révolution est alors aménagée grâce à plusieurs rangées de platanes, aucun élément funéraire n’étant visible en raison d’une loi pontificale du XVIIe siècle interdisant aux juifs toute stèle et inscription.

Le monument Carcassonne (DPI)

Force est de constater que les signes extérieurs d’appartenance des défunts à la confession israélite sont discrets. Aujourd’hui, seules deux tombes comportent les cinq lettres hébraïques d’une prière. A notre connaissance, le cimetière juif de L’Isle-sur-la-Sorgue ne dispose pas d’équipements rituels comme le point d’eau pour les visiteurs, le dépositoire pour la toilette des défunts ou encore la genizah pour les livres.

Avec la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, le cimetière juif devient propriété communale et est progressivement abandonné. La dernière inhumation date de 1939 : il s’agit de Moïse Créange né à L’Isle en 1884 et décédé à Nîmes.

 

A partir des années 1950, le cimetière, délaissé, est envahi par la végétation. Afin de stopper cette dégradation, l’espace est clôturé dans les années 1970 et des travaux d’entretien et de débroussaillement ont été effectués à plusieurs reprises. Le cimetière est protégé au titre des Monuments Historiques depuis 2008.

Le cimetière n’est pas désaffecté mais en l’absence de documents de gestion (registre de délivrance des emplacements, plan d’agencement des sépultures non matérialisées par un monument) il n’est pas possible d’accorder de nouvelles concessions.

En 2013, une étude a été initiée par la Direction du Patrimoine, en partenariat avec l’Université d’Avignon, afin de dégager les tombes, procéder au relevé des inscriptions et numériser l’ensemble en 3D, préalable à un projet de mise en valeur architectural et paysager.

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Le projet d’aménagement architectural et paysager

Les informations recueillies pendant l’étude de 2013 (emplacement des enclos funéraires, localisation de plantations paysagères, repérages de fragments de mobilier tels couronnes, vases, etc.) seront prises en compte pour la mise en valeur et la restauration du cimetière.

L’objectif prioritaire est de restituer le cimetière dans son état du début du XXe siècle et de permettre ainsi aux visiteurs de venir se recueillir tout en prenant conscience de l’existence ici d’une identité juive locale à l’instar d’autres sites du Comtat (synagogues, carrières, etc.).

La restauration des enclos funéraires et les retouches paysagères redonneront à ce lieu toute sa dimension patrimoniale et mémorielle. Une clôture arborée viendra visuellement remplacer l’actuel grillage. Des arbres seront plantés afin de compléter les rangées de platanes ou différents endroits aujourd’hui trop dégagés. Les cippes et autres monuments funéraires seront nettoyés, restaurés et repositionnés en cas de besoin. Les enclos retrouveront leurs ferronneries.

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