INSULALE PATRIMOINE DE L'ISLE-SUR-LA-SORGUE

Sondages archéologiques : place Denfert-Rochereau (2018)

En décembre 2018, lors de travaux de réfection de voirie, rue Denfert-Rochereau à L’Isle-sur-la-Sorgue, la Direction du Patrimoine de L’Isle a effectué trois sondages archéologiques sur une place du quartier de Ville-Vieille qui occupe la partie nord-ouest de la ville.

Les recherches ont seulement conduit à la découverte de structures liées à la présence d’un habitat médiéval. Cependant, leurs résultats restent très positifs car, dans ce quartier considéré comme le noyau primitif de l’agglomération, l’absence de trace antérieure au haut Moyen Âge permet de refonder la réflexion sur l’origine de la cité sur des bases plus contextuelles.

 

Le premier sondage implanté au nord-est de la place a rapidement livré plusieurs épandages de remblais disposés lors de son aménagement et de ses réfections postérieures.

La création de cet espace public à la fin du XVIIe siècle, a provoqué un recul du tissu urbain vers le nord et un nivellement du sol a engendré la disparition d’une séquence stratigraphique antérieure. Les remblais se poursuivaient jusqu’à l’arase d’un mur médiéval en moellons grossiers dont la direction oblique évoque notamment une modification postérieure de l’orientation du bâti en bordure de la voie publique.

Ce mur associé à un habitat relativement modeste coïncidait avec un sol en terre battue utilisé entre le XIe et le XIIIe siècle et, pour atténuer une forte humidité causée par la proximité de la Sorgue, un petit drain creusé dans la terre argilo-limoneuse servait à canaliser les eaux infiltrées. Un mélange de cailloux et d’une quantité avérée de fragments d’ossements d’animaux constituait l’essentiel de son remplissage. Juste en dessous s’étendait un dernier niveau de circulation formé d’une fine couche d’argile jaunâtre posée en surface du substrat. Le petit lot de céramiques grises à décor lissé qu’il renfermait témoigne des plus anciennes traces d’occupation identifiées actuellement dans le périmètre urbain (autour de l’An Mil).

Le sondage 3 situé dans la partie nord-ouest de la place fournit des indications concordantes. Une même succession de remblais tardifs scellait un niveau médiéval, où une section de mur orientée est-ouest servait certainement de séparation intérieure à un habitat. Il n’est conservé qu’une assise de sa fondation en pierres de taille liées à la terre, sur laquelle s’appuie un petit massif maçonné au mortier, sans doute plus tardif (XIVe-XVe siècle). Sur son côté sud, ce mur a fonctionné avec un sol en terre battue en occupation au bas Moyen Âge, sous lequel se trouvait un second niveau de circulation vraisemblablement utilisé entre les XIe et XIIe siècles. Au-dessous débutait le substrat composé d’un sédiment argileux très compact, de couleur noirâtre, et abondamment chargé de débris organiques issus d’un contexte marécageux.

Le sondage 2 localisé au sud-ouest de la place a livré des structures d’intérêt secondaire, dans la mesure où aucune ne précède l’aménagement de la place. Néanmoins, le fait que ces structures affleurent pratiquement le substrat privé de trace anthropique induit qu’un nivellement important du sol a participé à homogénéiser la topographie du site qui devait comporter dans sa partie ouest une altimétrie supérieure.

Ces résultats écartent en substance une agglomération fondée sur la préexistence d’une villa antique à l’emplacement ou dans un secteur limitrophe du quartier de Ville-Vieille.

Désormais prédomine l’idée d’une création ex-nihilo intervenue probablement durant le haut Moyen Âge, sur un point de franchissement de la Sorgue. L’hypothèse se révèle d’autant plus intéressante que des recherches menées sur la cité voisine du Thor mettent en lumière de réelles analogies entre ces deux agglomérations créées tardivement en bord de rivière. S’ouvre ainsi une même série de questionnements sur d’éventuelles modifications du paysage autorisant l’implantation de nouveaux pôles de peuplement, sans doute alimentés par des transferts de population rurale provoquant la disparition de groupes d’habitats antérieurs.

Pour appréhender le phénomène, plusieurs pistes de recherches restent à explorer dans différents secteurs de la commune et sur ses abords immédiats. A l’extrémité ouest, aux confins des terres thoroises, la villa de Germinargues, une agglomération de plaine désertée au Moyen Age, peut revêtir un intérêt spécifique, car le terroir qui le sépare du quartier l’islois de Ville-Vieille conserve aussi ce même toponyme. Dans les parties sud et est du territoire, la présence de villae antiques et d’un petit site gallo-romain est présupposée vers le hameau de Velorgues et au lieu-dit le Bosquet. Enfin, à quelques kilomètres à l’est de la ville, sur un plateau établi en contrebas du rocher saumanais s’étend  une zone d’habitat de près de 300 m2 occupée jusqu’au Ve siècle. Le lieu avoisine des plaines fertiles où se remarque encore le toponyme de Goult, issu d’une seigneurie détenue au XIe siècle par la puissante famille des Agoult-Simiane, et cédée  à l’abbaye de Sénanque en 1173. Une meilleure connaissance de ce secteur localisé à une distance assez proche du quartier de Sorguette serait aussi susceptible d’apporter des informations essentielles sur l’histoire ancienne du territoire et peut-être isoler certains facteurs inhérents à la genèse de la cité l’isloise.

 

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